Salut toi ! J'me présente, je m'appelle Henri, je voudrais bien réussir ma vie et du coup, je fais une étude sociologique sur les divers groupes qui peuplent cette bonne vieille Terre et, miracle, t'as croisé mon chemin ! T'as du temps à m'accorder ? Ouais ? Super !

Dis-moi, j'suis curieux, si tu m'en disais un peu plus sur toi ? Ton nom pour commencer, ce serait déjà bien ! Akila Elsayed D'accord, d'accord...mais tu n'as pas un autre petit nom ? Tu sais de quoi je parle bien sûr *wink wink* Sekhmet/Bastet Oh wow, ça en bouche un coin, j'avais jamais rencontré de dieu auparavant ! Je me disais bien que je sentais quelque chose de spécial chez toi. Du coup, si je me rappelle bien de mes cours, t'es bien Sekhmet je suis la déesse guerrière personnifiant la puissance destructrice du Soleil, je suis l'instrument de la vengeance de Rê, sous Bastet je suis la déesse de la joie du foyer, de la chaleur du soleil et de la maternité. du panthéon égyptien, c'est ça ? Trop fort. En tout cas, laisse-moi te dire, c'est un honneur, vraiment ! Il y a tellement d'histoires, à ton sujet, si anciennes...tu dois avoir au moins 4000 ans, non ? Par contre, dis-moi si c'est juste une rumeur ou pas, mais j'ai entendu dire qu'une Alliance entre les dieux était en train de se former, tu sais, pour contrecarrer les plans de l'Apocalypse. Tu peux m'en parler un peu plus ? Pour l'instant je ne m'en mêle pas, j'attends la décision d'Amon-Rê concernant toute cette histoire. Merci, c'est vraiment sympa !

Passons à un sujet un peu plus léger, maintenant...Il y a tellement d'histoires d'amour compliquées entre les dieux, je me demandais, toi, t'as eu ton lot d'aventures ? Tu penches plus d'un côté que de l'autre ? hétérosexuelle  Oh, intéressant. Et y'a quelqu'un dans ta vie, en ce moment ? Par pur intérêt scientifique, bien sûr célibataire confirmée, tout est compliqué D'accord, d'accord, arrêtons de parler de tes amours, j'ai compris, ça me regarde pas. M'en veux pas, j'aime bien être au fait des choses !

Parlons un peu de ta vie terrestre à présent, c'est quoi ton occupation ? Je suis militaire. Pas mal, pas mal. J'adore ton apparence terrestre, au fait, moi j'ai pas tellement été gâté par la nature. Toi, on dirait que t'as 35 ans et tu ressembles à Yasmine Al Massri , c'est la classe quoi ! Allez, une petite dernière pour la route et je te laisse tranquille...Comment tu te décrirais, niveau caractère, tempérament ? Pour ceux qui nous lisent, tu comprends, moi je sais tout. Je suis douce, protectrice, mais je peux être sans pitié. Je pique parfois de grandes colères quand je trouve qu'il y a de l'injustice. Je peux me montrer cruelle si la situation l'exige. J'ai soif de sang et étrangement, aussi de douceur. Je ne suis pas une femme facile, j'ai du caractère, je ne me laisse pas marcher dessus. Je suis pourtant capable de négocier quand je suis de bonne humeur. En fait, quand je suis dans mon bon jour, on veut traîner avec moi, mais quand je suis dans mon mauvais jour, il vaut mieux changer de trottoir, vois-tu.

Et bien merci beaucoup, ça a été un plaisir de bavarder avec toi ! A une prochaine fois peut-être ?

Le monde n’avait jamais été simple et encore moins chez les égyptiens à l’Antiquité. Sekhmet ignorait quand elle était apparue, elle était là, instrument de la vengeance de Rê, protectrice du Roi ou du Pharaon. Déesse guerrière et violente, les égyptiens la vénéraient, la craignaient, lui faisaient des offrandes importantes. Elle était redoutée pour ses colères et pourtant, elle était la patronne des médecins. Bref vous l’auriez compris, Sekhmet avait toujours été une déesse compliquée. Son ambivalence et son instabilité en faisaient une déesse dangereuse. Quand Rê la lança sur Terre pour mater les humains rebelles, elle faillit tous les tuer. Ce ne fut que parce le grand Rê lui fit boire une boisson qu’elle se transforma en Bastet. Déesse douce, protectrice et bienveillante. Elles ne formaient qu’un et selon les époques et la stabilité du pays, les croyants les associaient ou les dissociaient. Bastet protégeait les foyers, les enfants et les femmes. Elle aidait même Rê à tuer le serpent Apophis. Sekhmet semblait plus importante que Bastet au début et prit l’ascendance sur la déesse douce. Mais au bout de quelques siècles, Bastet refit surface.

On la vénéra à tel point que les chats devinrent ses messagers, ses fidèles et qu’on les protégeait. Ils devinrent intouchables. Bastet et Sekhmet formaient un tout, mais chacune avait sa vie, son enfant et son époux. Elles s’entremêlaient au gré des humeurs de Sekhmet qui menait la danse en réalité. Le côté destructeur de la déesse prenait le plus le dessus, mais quand elle s’apaisait, elle redevenait la douce Bastet. La déesse ambivalente devint puissante vers la fin de son règne sous les traits de Bastet. Mais son culte devint un désavantage quand le roi Perse attaqua les égyptiens et dessina des chats sur les boucliers. Les égyptiens refusèrent d’attaquer et la douce déesse vit son peuple dépérir. Sekhmet perdait de son influence, de sa puissance et à mesure que les croyances changeaient, la déesse s’affaiblit. Ce fut Bastet qui les sauva. Elle survit durant l’ère gréco-romaine, associée à Diane, elle arrivait à survivre comme elle le pouvait. Elle survécut mieux, bien mieux. La chrétienté commença à envahir le monde et cela devint compliqué pour la déesse. Malgré tout, on croyait en elle, aux chats. Les chats qui étaient détestés, qui étaient associés au Diable. Mais ceux qui croyaient aux chats, les vénéraient, il faisait vivre Bastet. Sekhmet restait là, assoiffée de sang et prête à se battre.

Elle tentait de ne pas disparaître et chacune des deux faces se battait. Sekhmet utilisait les guerres pour survivre, pour déchainer sa fureur et se nourrir du sang. Bastet survivait grâce à la douceur, sa protection envers les femmes et les enfants qui l’invoquaient sous bien des formes. Elle protégeait les foyers et survivait grâce aux paroles douces envers ses messagers les chats. Elle restait néanmoins faible, anéantie, furieuse. Bastet devait se méfier que Sekhmet ne surgisse pas et détruise tout. La potion de Rê pour la faire redevenir Bastet en cas de grosse colère n’existait plus, si elle avait existé un jour… Les premières découvertes autour des pyramides lui permirent de renaître de ses cendres. Etonnement, ce fut Bastet qui prit l’ascendance sur Sekhmet. Sa douceur, son côté chat charma entièrement les hommes qui la découvrirent. Sekhmet s’endormit, n’apparaissant que pour déchainer sa fureur et les maladies qui décimèrent certains humains. Les siècles glissèrent sur elles, fortes, faibles, la déesse double face tentait de se maintenir dans ce monde. Les grandes guerres nourrirent Sekhmet, le sang qui arrivait, la douleur, la fureur, tout ceci lui convint.

Le monde pouvait bien se battre, Sekhmet elle, s’en nourrissait au contraire de Bastet qui assistait, malheureuse, à l’affaiblissement des femmes et enfants. Les femmes furent soumises au maximum, réduites au silence. Et puis on arriva au vingt-une siècles, les guerres sont terminées, quoi que… Il suffisait de quitter l’Europe, de retourner dans son foyer de l’Egypte pour voir le sang couler. Néanmoins, les adorateurs des chats et ceux qui avaient des statuettes à son effigie dans leurs foyers, la firent venir à Londres. Bastet estimait que c’était un bon lieu, pas Sekhmet qui aurait préféré rester sur les lieux de guerre.

La déesse avait entendu parler de l’apocalypse, mais Sekhmet s’en fichait, cela la nourrirait, Bastet elle, s’inquiétait. Lors de sa dernière grande fureur, une femme qui prenait une sacrée raclée devant elle, dans une ruelle sombre, Sekhmet prit le dessus. Si furieuse qu’elle tuât l’homme, cacha le corps et demanda à la femme de ne jamais rien dire. La femme accepta, si blessée par les coups qu’elle vénéra cette femme vengeresse.

Bastet arrive par moment à prendre le dessus, mais la fureur de Sekhmet la consume entièrement. Sekhmet a pris l’ascendance sur elle, elle contrôle leur vie et est devenue une militaire. La croyance autour de sa sœur Bastet la maintient en vie, mais surtout, la fureur, la guerre et le sang que les hommes font couler. Ils n’ont pas fini de se battre et elle sera là pour abattre sa colère divine.

Londres, ses rues sales, animées, mais cela importait peu à Bastet qui marchait calmement, les mains dans les poches. Elle rentrait chez elle, elle avait aidé des gens aujourd’hui, entendu des demandes muettes même si on ne l’appelait pas elle précisément, mais sans formuler la demande avec un nom précis. En tant que Sekhmet, elle pouvait aussi soigner, alors toute occasion était bonne à prendre pour la déesse ambivalente. « Sale conne. » La voix grave et ivre figea la déesse protectrice qui tourna la tête vers une ruelle sombre faiblement éclairée par un lampadaire. Une femme était sous le vaisseau faible, se tenant la joue alors qu’un homme tremblait devant elle. Il titubait, mais cela ne l’empêcha de donner un second coup, faisant tomber à genoux la femme. Le sang coula et la voix faible et féminine s’éleva.
« James… Arrête…
- Je vais te détruire sale conne, c’était la dernière fois que tu travailles ici ! »
Il retroussa ses manches, menaçant et Bastet s’avança, rapide et vive. « Arrêtez. » Il posa son regard clair et ivre sur elle. Il cracha au sol et la déesse sentit ses poils se hérisser le long de sa nuque. « Dégage connasse, ou je te défonce aussi. » Il n’aurait pas dû dire cela, jamais. La colère lécha les entrailles de Bastet qui murmura faiblement. « Courez pauvre fou. » Il arqua un sourcil, ricanant, ne comprenant pas le danger qu’il courait. « Non mais t’es encore plus conne que ma nana ! » C’était trop tard, Bastet ne pourrait rien faire. Un voile rouge envahit sa vision et Sekhmet surgit. Les traits de son visage se durcirent, montrant une rage et une violence inouïe. Toute douceur avait déserté son corps aux rondeurs évidentes. L’homme recula, ne comprenant pas, mais son instinct lui murmurait quelque chose.

« Allez… Va-t’en ! Je ne te ferai rien, t’as de la chance. » Un rire échappa à Sekhmet, un rire sadique et elle le regarda en rejetant sa chevelure brune et foncée derrière son dos. « Misérable idiot. » Elle s’approcha de lui, vive et sans réfléchir, attrapa son bras. Elle n’attendit pas et lui déboita le bras. Son cri envahit la ruelle, mais c’était un quartier vide, sale, personne ne viendrait et c’était bien pour cela que cet homme avait frappé sa femme ici, car personne ne s’arrêtait. Le corps souple et agile, elle utilisa sa force et son savoir pour mettre l’homme au sol. Elle était incapable de s’arrêter, si furieuse, si haineuse. Il avait osé frapper une misérable femme enceinte. Maintenant on le voyait bien, son ventre rond proche du terme. Elle frappa ce visage dégoûtant, encore et encore. Le sang coulait. Sans même réfléchir, elle le tua à force de le frapper. Sekhmet s’arrêta lentement, clignant mollement des yeux. « Oh mon Dieu… » Elle tourna la tête vers la voix féminine qui pleurait et qui avait murmuré ces mots. La femme pleurait et la regardait. A genoux, les poings serrées contre ses hanches. Elle levait fièrement le menton, brave fille, elle irait loin. « Tu ne crains rien de ma part. Je t’ai libérée.
- Vous l’avez tuée !
- Tu le désirais, tu m’as implorée, tu as demandé de l’aide. » Oui, elle en avait demandé.

Sekhmet l’avait entendue et était venue. La femme secoua la tête et Sekhmet s’approcha d’elle. Lentement, elle s’accroupit devant elle et la fureur fut remplacée par la douceur, Bastet prit le dessus. Sa main ensanglantée se tendit, mais ne toucha pas cette femme si belle et détruite à la fois. « Mon enfant, tu n’es pas seule. Vas t’en.
- Comment… Comment puis-je vous remercier ?
- Achète la statuette de Bastet et un chat, pense à moi, pense aux chats, à ma douceur et ma fureur. Je te protégerai, ô toi femme qui porte la vie. Mais tu ne dois pas dire ce que tu as vu. »
Personne ne la croirait de toute manière.

La mortelle ne bougeait pas et Bastet décida de la prendre en charge, mais avant, elle jeta le corps dans la Tamise. Personne ne viendrait chercher une telle ordure. Elle revint auprès de la femme et l’aida à se redresser. Au même instant, son téléphone vibra et elle le prit. Un autre dieu païen venait de la contacter et le message était plus qu’étrange.

« Hey Sek… Paraît qu’on va bientôt faire la fête, youpi ! » Qu’est-ce que c’était encore que cette connerie ? Ah oui… Elle l’apprit quelques temps plus tard, l’apocalypse, merci le Dieu Crucifié hein…